mercredi 21 décembre 2016

French transcription | Nicole Ferroni | SDF, mal-logement, à qui la faute ?

Aujourd'hui 21 décembre, premier jour d'hiver, Nicole Ferroni, en direct de la place de la République, nous parle du problème du mal-logement et des personnes sans domicile fixe.


SDF, mal-logement, à qui la faute ?


▽ Transcription :

Nicole Ferroni vient de se rendre compte que c'était à elle.  


Elle a jeté son stylo, Nicole. Vous êtes soulagée ?  

Oui, tout à fait, je suis soulagée ce matin, qu'on soit face à la fine équipe des « Enfants du Canal », cette association qui accompagne les personnes sans domicile fixe, pour parler du mal-logement, parce que je me disais "Ah voilà enfin je vais pouvoir dire des choses gentilles, me contenter de dire du bien, au lieu encore d'aller chercher à qui la faute, parce que sur le mal logement si je devais trouver à qui la faute il me faudrait une chronique de 8 jours et beaucoup de café. Parce que d'un côté il y a la caisse des dépôts qui est censée collecter les petits sous pour financer le logement social et qui en fait en spécule une partie en bourse. De l'autre côté il y a des communes, 1218, qui se refusent de construire des logements sociaux pour nourrir leur cot*,  mais qui préfèrent mettre des élus dedans plutôt que des pauvres parce que le problème des pauvres c'est qu'ils sont pauvres, donc ils n'ont pas de garant. Mais du coup il y a aussi un problème du gouvernement qui a retoqué cette idée de M.me Duflot justement qu'on puisse se porter garant pour les locateurs modestes parce qu'elle a préféré repousser cette idée parce que ça aurait coûté 400 millions d'euros, beaucoup trop cher, et qui préfère donc en dépenser 200 millions chaque année, en nuits d'hôtel sordides en remuneration de prestataire de tourisme privé pour s'en occuper pour la seule agglomération de Paris, et voici comment on se retrouve dans un pays où 140 mille personnes souffrent de ne pas avoir de domicile fixe, donc 40 mille qui n'ont pas de toit tout court.
Or, le toit c'est très très important, c'est pas pour elle que c'est écrit dans la Constitution, le droit au logement, parce que le toit, du latin tectum, tegere, qui veut dire couvrir, ce sont deux pentes liées par un sommet, agencées de telle façon que sur ces pentes-là les problèmes sont censés couler, c'est-à-dire que la pluie, la neige coulent sur les pentes du toit pour s'écarter de notre tête, donc ne pas avoir de toit sur la tête, c'est prendre les problèmes directement dessus, du coup c'est la personne qui prend la pente et devient vulnérable et fragile, et c'est pour ça que, comme le disait le directeur de l'association, M. Louis, qui en fait s'appelle Christophe, il faut sortir les gens de la rue, et moi quand j'ai entendu ça "Excusez-moi mais c'est un petit peu bizarre cette expression "sortir les gens de la rue" puisqu'on le va sortir de la rue, puisque la rue c'est déjà dehors. Pourtant, il a récidivé, le type. Dans sa phrase d'après, il m'a dit "oui, mais les gens enfermés dans la rue" et en fait de ce que j'ai compris, quand une personne est dans la rue, il a en fait comme de gros gros murs qui poussent autour d'elle, faits avec des parpaings assez épais, mais des murs invisibles. Non seulement des murs invisibles, mais des murs d'invisibilité, sauf que contrairement à la cape d'Harry Potter, qui rend invisibles celui qui est dedans, le mur d'invisibilité rend invisible celui qui est dehors.  Alors vous allez me dire "Mais Nicole, puisqu'ils sont invisibles, comment savez-vous qu'il y a des murs et des parpaings dans la rue ?" Et bah parce que moi-même, sans le vouloir, de murs j'en ai construit plein, de parpaings j'en ai semé partout. Alors, comment ? Et bah à chaque fois que dans la rue ou dans le métro je passe à côté d'une personne sans abri, en regardant mes pieds plutôt que ses yeux, c'est comme si je déposais à ses pieds un parpaing entre elle et moi, un parpaing qui nous sépare, parpaing qui en s'entassant avec ceux des autres passants, finit par déciller une ligne de cloison au-delà de laquelle la personne de la rue n'est plus visible pour la société. Et de parpaings j'en ai tellement semés, qu'un jour il y a un jeune homme qui en a pris un et qui l'a envoyé dans ma tête. C'est un jeune homme qui faisait la manche à Montparnasse qui m'a dit "M.me excusez-moi mais voulez-vous me regarder quand je vous parle ?". Oui, parce que moi et les autres passants, on était comme aujourd'hui ce 21 décembre, le jour le plus court de l'année, moi et les autres passants, on manquait cruellement de soleil et de chaleur à son égard. Oui, parce que le toi T-O-I est aussi important que le toit T-O-I-T, le tu, le vous, le comment ça va, comment tu vas, bien, c'est permettre à l'autre juste de rester quelqu'un, et en fait  voyez je reproche à l'état ce que mon état d'esprit n'est pas capable de faire, juste traiter l'autre avec considération.
Donc merci au moins à toutes ces associations qui, non contentes d'être garants de beaucoup de contrats d'allocation pour gens modestes, sont aussi le garant de notre bon sens.



Voilà ! J'espère que ça vous a plu. Si vous avez remarquez des coquilles ou si vous avez des questions, n'hésitez pas à laisser un commentaire ci-dessous !

Continuez à étudier le français entre quat'z'yeux !

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